Histoire du Gymnase
Le Gymnase Jean Sturm fut fondé sous le double signe de l’Humanisme et de la Réforme
C’est-à-dire pour des raisons à la fois pédagogiques et confessionnelles. Au début du XVIe siècle, la ville libre de Strasbourg n’avait pas encore d’école digne de son renom littéraire, lacune particulièrement grave à une époque où les humanistes affichaient leurs préoccupations pédagogiques. Les motifs d’ordre religieux furent également déterminants.
Bucer et Capiton, propagateurs de la Réforme, désiraient la création d’une école capable de former de futurs pasteurs, d’autant que la suppression des écoles conventuelles rendait urgente l’organisation de nouveaux établissements scolaires. En adoptant la Réforme, le Magistrat de Strasbourg, qui détenait à la fois la haute autorité sur l’Église et les écoles, allait accélérer la fondation du Gymnase.
Dès 1528, trois écoles classiques fonctionnaient à Strasbourg et dispensaient un enseignement varié.
La plus importante se trouvait dans l’ancien couvent des Dominicains qui allait devenir le Gymnase… Il manquait une direction unique, énergique et compétente. Les autorités de Strasbourg surent s’attacher un homme providentiel: Jean Sturm. Allemand d’origine, mais cosmopolite comme tous les humanistes, son érudition lui avait valu d’être appelé avant l’âge de 30 ans pour donner des cours au Collège de France qui venait d’ouvrir à Paris… En venant à Strasbourg, Jean Sturm accepta les propositions du Stettmeister Jacques Sturm (Premier magistrat de la ville libre et sans aucun lien de parenté avec lui) et de Martin Bucer. La ville approuva son plan relatif à l’organisation de la nouvelle Haute École qui fut inaugurée le 22 mars 1538.
1538-1621 : époque la plus brillante et la plus originale de l’histoire du Gymnase. L’esprit qui y régnait était conforme à la devise de Jean Sturm: «Sapiens et eloquens pietas», c’est-à-dire que l’on s’efforçait d’y concilier les exigences de l’Humanisme et de la Réforme. C’était une école protestante animée d’un esprit très large, et ouverte aux élèves de toutes les confessions. On attachait une grande importance à l’éducation morale et religieuse, et l’enseignement était de caractère encyclopédique. Les langues anciennes occupaient une place de choix
HISTORIQUE DU SITE JEAN STURM
Le succès de la nouvelle école fut rapide:
- un afflux d’élèves et d’étudiants,
- création, dans de nombreuses villes, d’écoles constituées selon le modèle du Gymnase. Calvin, qui professa au Gymnase pendant son séjour à Strasbourg, introduisit les méthodes de Jean Sturm dans son académie Genevoise
En 1566, l’empereur Maximilien II érigea Le Gymnase au rang d’Académie lui conférant ainsi le droit de décerner des diplômes de bachelier et de licence. Ce fut le triomphe de Jean Sturm qui, promu recteur à vie, et assisté d’un conseil académique, présida désormais à l’activité des deux établissements de la ville jusqu’à sa destitution en 1581.
En 1621, nouvelle promotion : l’Empereur Ferdinand II confère à la Haute École la dignité d’Université, avec le droit de nommer des docteurs. Malheureusement, l’administration de l’Université fut dissociée de celle du Gymnase qui se vit ramené au rôle d’école secondaire ordinaire préparant les futurs étudiants.
De 1621 à 1789, il est ouvert à toutes les couches sociales, grâce à de nombreuses bourses. Il constitue le vivier où la ville de Strasbourg et l’Alsace protestante recrutent leurs cadres. Le Gymnase subsista pendant la Révolution. Sous Bonaparte, la fondation d’un Lycée à Strasbourg mit fin au quasi -monopole du Gymnase, mais ne nuisit guère au rayonnement de la vieille école qui connut, après 1815, un demi-siècle de calme. Beaucoup d’hommes devenus célèbres par leur érudition y furent élèves.
L’incendie de 1860 détruisit les anciens bâtiments. L’école fut reconstruite en 1863. Le bombardement du 24 août 1870 anéantit le Temple Neuf, la bibliothèque et toucha partiellement Le Gymnase. Après la défaite, il fut nécessaire de s’adapter aux conséquences de l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne. Des professeurs d’origine allemande vinrent enseigner, mais les professeurs alsaciens restèrent toujours plus nombreux. Pendant ce temps, l’École Alsacienne fondée à Paris en 1873 par un ancien du Gymnase perpétuait en France l’esprit de celui-ci.
Depuis 1919, Le Gymnase exerce son activité d’école secondaire assimilée à un collège et à un lycée. Le recrutement du corps enseignant, formé d’agrégés et de certifiés, les programmes scolaires et les méthodes d’enseignement respectent les principes qui régissent les écoles d’État.
En 1946, le Ministre de l’Éducation Nationale définit un régime de rapports privilégiés de l’État avec Le Gymnase: celui-ci est maintenu en qualité d’Établissement Secondaire Privé, tout en étant subventionné par l’État.
En 1974, un contrat d’association est signé entre l’État et Le Gymnase, assorti de dispositions qui garantissent le « caractère propre » du Gymnase, en particulier son effort de permanente rénovation pédagogique, et l’intensité des liens entretenus avec le secteur public et les autorités universitaires. Les locaux sont mis à disposition de l’établissement par la Fondation Haute École gérée par le Chapitre Saint Thomas, vénérable institution dont le siège est situé au 1 bis, quai Saint-Thomas à Strasbourg. Les familles apportent leur contribution via les frais d’écolage, dont une partie sous forme de contribution volontaire.
Les origines du collège Lucie BErger
En 1842, le pasteur Franz Haerter fonde la Maison des Diaconesses, un établissement qui permet à des jeunes filles de jouer un rôle actif auprès des vieillards, des malades et des jeunes. Le pasteur Haerter, guide spirituel de la famille, engage en 1866 Lucie Berger comme secrétaire du Comité du Diaconat.
En 1871 l’imprimerie Berger-Levrault est transférée à Nancy, mais Lucie demeure avec sa mère à Strasbourg. C’est dans ce contexte que la communauté des diaconesses, décide de créer en 1871 un « pensionnat pour jeunes filles de la classe moyenne ». La communauté installe l’école dans des locaux rachetés à l’institution catholique du Bon Pasteur, nom conservé jusqu’en 1919, et en confie la direction à Lucie Berger, alors âgée de 35 ans.
Les débuts sont modestes : le 16 octobre 1871 est ouverte une seule classe avec 16 élèves internes et 1 externe. Lucie Berger s’adjoint 2 diaconesses enseignantes et 1 diaconesse-économe.
L’école connaît une extension rapide dans les années 1880. Au bout de dix ans le Bon Pasteur possède son jardin d’enfants – le premier créé à Strasbourg -, 16 classes, dont 1 spéciale pour étrangères et 3 autres qui préparent le brevet supérieur, soit un total de 400 élèves. Jusqu’en 1914 si l’allemand domine à l’école, le français est la langue obligatoire à l’internat. C’est la première école privée qui prépare un diplôme d’école secondaire.
Lucie Berger a su y créer une atmosphère de ferveur religieuse qui se manifeste dans les cultes quotidiens et les fêtes. L’équipe pédagogique a le souci de préparer les élèves à prendre leur vie en main et à mettre en pratique les préceptes humains et sociaux, d’où une pédagogie ouverte sur les sciences et le monde moderne et le souci d’une maîtrise parfaite du français, dans un enseignement conduisant au diplôme secondaire. La qualité de l’enseignement attire même un certain nombre de familles de hauts fonctionnaires allemands.
À partir de 1882, Lucie Berger est activement secondée par un directeur-adjoint, l’allemand Nieden, fils de pasteur, un homme dynamique. En 1908 un nouvel internat, très confortable, est inauguré : les effectifs continuent de progresser pour atteindre 600 élèves en 1910. À ce moment on trouve au collège 9 enseignantes, 12 diaconesses, 1 cuisinière et 1 infirmière.
Le retour à la France en 1918 modifie profondément l’école qui connaît des problèmes d’adaptation au nouveau contexte. Le directeur Nieden, parce qu’allemand, doit quitter ses fonctions. Il est remplacé par une nouvelle directrice, Emilie Kuntz. Le collège change de nom : il s’appelle désormais Lucie Berger. Le changement de langue, de méthode, et l’arrivée de nouvelles enseignantes modifient le style du collège. En 1931 l’externat et l’internat sont réunis sous une seule direction ; en même temps est fondée une Association des Anciennes Élèves.
L’établissement compte alors 50 enseignants pour 530 externes et 80 internes. À la veille de la Deuxième Guerre mondiale le Collège Lucie Berger constituait un établissement actif, de bon niveau scolaire accordant une grande place à la formation morale et religieuse des élèves.